Toujours dans la continuité de la table ronde de l'Assemblée générale de FILEG "Semences de légumineuses à graines, quels enjeux pour les acteurs de la filière en Occitanie ?" qui s'est déroulée le 14 mars dernier, nous poursuivons la mise en lumière du rôle des acteurs de la sélection variétale avec une interview de Julie Toussaint, directrice opérationnelle au sein de Semences de Provence.
Julie Toussaint nous parle du programme de sélection Im'Pulse Seeds et de ses attentes pour développer la production et la consommation des légumes secs.
Pourquoi avez-vous rejoint FILEG ? Quel est l'intérêt ?
C’était une évidence ! Semences de Provence est une filiale d'Arterris, groupe coopératif situé sur les régions Occitanie et PACA, au cœur du bassin concerné par FILEG (et réciproquement !). Notre site d’expérimentation principal est à Castelnaudary. En tant que semencier, nous croyons beaucoup au développement des protéines végétales dont les légumes secs, espèces entrant également dans le périmètre de FILEG. On travaille aussi les légumineuses fourragères, espèces quant à elles indispensables à une approche systémique de l’agriculture.
Et le constat est clair : les légumes secs sont des plantes orphelines dans la recherche variétale, il n’y a pas de développement fort ! Donc, quand il y a des velléités comme celle-ci, c'est essentiel d'être partie prenante. Et nous sommes peu de sélectionneurs sur ce créneau. De plus, il est essentiel pour la filière de mettre en lien les différentes étapes de la chaine.
Quel est votre rôle au sein de cette filière ?
Semences de Provence est sélectionneur en légumes secs c’est-à-dire que nous assurons la création de variétés de pois chiches, lentilles et haricots secs, ainsi que leur commercialisation en circuit long en France et en Europe.
Notre programme de sélection Im'Pulse Seeds a été lancé pour les agriculteurs afin de travailler sur les qualités agronomiques et augmenter le nombre de variétés disponibles sur le marché.
En outre, dans ce programme, nous avons la volonté de travailler aussi pour les transformateurs et les consommateurs en améliorant les qualités technologiques et gustatives, afin de répondre aux attentes des différents marchés. Et ce, dans le but que le consommateur mange davantage de légumes secs, grâce à une plus grande diversité répondant à leur goût.
Du champ à l'assiette en somme !
Quelles sont vos attentes pour le développement de la filière Légumineuses à Graines ?
Mon attente ? Construire une filière qui permette de sécuriser les surfaces en maintenant les prix à chaque étape ! Pour assurer la rentabilité de toute la chaîne. Et aussi que la filière Légumineuses à Graines fasse de la promotion de manière à augmenter le besoin et l'envie du grand public, pour stimuler la consommation et donc augmenter les surfaces de production.
Et pourquoi pas faire en sorte que les projets territoriaux tels que FILEG, PACALEG, ou LEGGO optimisent les moyens en créant par exemple de la communication au niveau national et européen, avec les pois chiches dans le bassin méditerranéen.Ensuite, on pourra aussi déboucher sur des groupes de travaux de recherche autour de thématiques transverses et communes avec un GIE. La tolérance au sec, les maladies, développer des marqueurs, améliorer le rendement, augmenter la hauteur des premières gousses, faire rentrer la qualité technique et les critères consommateurs, tout autant de questions qu’il est possible d’aborder collectivement.
Un message clé à partager ?
Mangez du cassoulet ! En le réinventant. Je force les traits volontairement mais aujourd’hui, les légumes secs commencent à peine à dépoussiérer leur image alors qu’ils sont plein d‘atouts. Nous devons tous imaginer comment les intégrer aux habitudes alimentaires actuelles pour que cela devienne un réflexe chez le consommateur.Chez les légumes secs, il existe une diversité génétique très importante au niveau mondial : à titre d’exemple, on peut trouver des haricots jaune, rose, noir, tacheté, petit, gros, plutôt rond, ou allongé…En tant que consommateur, nous devons ouvrir nos chakras parce qu’il y a beaucoup de manières de les consommer !Et pourquoi pas un lien direct entre le champ et l’assiette en invitant des chefs cuisiniers directement sur nos parcelles de collection variétale ? Semences de Provence serait ravie d’être ainsi ambassadeur de cette biodiversité !